Le théâtre forum

Histoire & origines

Aussi connu sous le nom de Théâtre de l’Opprimé, le théâtre-forum, créé par le Brésilien Augusto Boal, cherche à lutter contre l’oppression à travers des pièces visant à mobiliser toutes les classes sociales. Malgré le succès initial, les coups d’État de 1964 et 1968 le contraignent à l’exil jusqu’à son arrivée en France en 1977. Initialement conçu à des fins révolutionnaires en Amérique Latine, le théâtre-forum s’est adapté en France pour s’aligner sur des pratiques institutionnelles plus sophistiquées.

Cette technique, bien que très populaire, a révélé ses limites face aux structures françaises. Boal a réalisé qu’il ne pourrait changer autre chose que les mentalités. Le théâtre-forum a depuis gagné en reconnaissance en tant qu’ “outil de conscientisation voire de modification des comportements qui sollicitait responsabilité et créativité ».

En France, il s’est adapté à trois domaines principaux : l’accompagnement dans la politique de la ville, l’éducation populaire et la prévention pour la santé.

Pourquoi ça marche ?

Le public qui se porte volontaire pour intervenir sur scène au sein d’un théâtre-forum est motivé par un aspect inacceptable, une expérience à partager, une connaissance à transmettre.. Ces diverses raisons, profondément enracinées dans le vécu des personnes témoignent de la richesse des expériences individuelles et de la diversité des perspectives. Par ailleurs, la distance avec la saynète permet d’envisager des explorations que l’on n’aurait peut-être pas envisagées dans notre propre réalité.

Même ceux qui n’osent pas franchir le seuil de la scène peuvent tirer des bénéfices significatifs de cette aventure participative. Le simple fait de partager cette expérience collective les amène à repenser certaines de leurs attitudes, à s’interroger sur leur propre comportement, et peut-être même à se remettre en question. Ainsi, le théâtre-forum devient une source d’éveil et de réflexion, transformant passivement le spectateur en un participant actif dans la construction d’un dialogue social et d’une compréhension mutuelle plus profonde.

Le rôle du facilitateur, aussi appelé “joker” lors d’un débat théâtral

Le ou la facilitatrice est une personne intermédiaire entre le public et les comédien⋅es, qui anime la séance, explique les règles, et fait en sorte que les interventions se déroulent dans le respect de chacun et chacune. Son rôle est déterminant car il est garant du respect du cadre et du bien-être de tous et toutes.

Concrètement, c’est la personne qui fait le lien entre le public et la scène. Pour cela, son unique outil est le questionnement (plutôt que l’affirmation), et sa seule autorité réside dans sa capacité à interrompre l’action en tapant dans ses mains.

À chaque intervention du public, la facilitatrice demande à quel moment de l’action il souhaite intervenir. Elle propose ensuite à la ou les personnes qui sont intervenues de venir sur scène pour jouer sa proposition.

Elle ne doit surtout pas oublier que le public, même si on le dit « spect’acteur », n’est pas habitué au dispositif de la mise en scène et du jeu. Elle est donc juge de l’arrêt d’une intervention et arbitre de l’interaction entre public et comédien⋅nes.

En favorisant la réappropriation des problématiques sociales, il émerge comme un puissant outil démocratique, stimulant une réflexion à la fois à dimension individuelle et collective. Des pistes de réflexion émergent sous une forme ludique et non didactique et révèlent que chacun.e possède des connaissances issues de ses expériences.